De la bière, bon sang de bois !
Les Ardennes ont depuis très longtemps une forte tradition brassicole. Dès le Moyen-Âge, des brasseries tenues par des moines sont recensées dans le département, et à la Renaissance, l'on comptait pas moins de dix brasseurs dans la cité princière de Sedan ! Jusqu'à la fin du XIXe siècle, la production de bière* n'a cessé de croître, pour atteindre en 1887, un total de 227 brasseurs artisanaux, généralement des entreprises familiales implantées dans le nord du département. La production ardennaise représente alors 4% de la production nationale.
Forts de leur succès, dix-sept petits brasseurs indépendants des Ardennes et de la Meuse décident, au lendemain de la première Guerre Mondiale, de se réunir et de former une entreprise nommée "la Grande Brasserie Ardennaise" en 1921, qui, au plus fort de son activité, employa 250 personnes pour une production annuelle de 200 000 hectolitres ! À titre de comparaison, la brasserie de l'abbaye d'Orval en Belgique a une production actuelle de 67 000 hL, trois fois moins que la GBA un siècle plus tôt.
Cependant, après la seconde Guerre Mondiale, la Grande Brasserie Ardennaise, en proie à la concurrence étrangère, est rachetée par le groupe belge Artois, et ferme ses portes en 1979. Cette année sonne le glas de la bière ardennaise, toutes les brasseries ayant disparu. Les conséquences sont notables pour le département des Ardennes, qui voit disparaître un savoir-faire ancestral et une ressource économique et attractive non négligeable. La ville de Sedan a souffert de la fermeture de la brasserie, et est une des raisons de sa perte de population, cette dernière passant ainsi de 25 000 habitants en 1975, à 20 000 aujourd'hui.
Mais, depuis les années 2000, l'histoire brassicole des Ardennes se rectifie grâce à l'implantation de brasseurs dans le département !
La Petite Brasserie Ardennaise qui rappelle au souvenir de la Grande
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| La Petite Brasserie Ardennaise (PBA) |
1997. Enfin ! Les Ardennes retrouvent une brasserie ! Située à Charleville-Mézières, la PBA pour les intimes, produit trois types de bière, pour une production annuelle de 350 hL. Nous sommes encore loin de la production d'antan, mais il faut un début à tout ! L'Oubliette et l'Arduinna sont deux des bières produites, et je ne saurais que trop vous conseiller d'y goûter sans tarder !
Ardwen, une production 100% locale !
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| Ardwen à Launois-sur-Vence |
À l'aube des années 2000, le projet de réimplantation d'une seconde brasserie dans les Ardennes prend de l'ampleur. Il s'agit de retrouver un savoir-faire non pas perdu, mais mis en sommeil durant les vingt dernières années, et de proposer une bière 100% de fabrication ardennaise. En 2006, la première cuvée est brassée à Launois-sur-Vence. Fort de son succès, l'entreprise, en accord avec le Conseil Général, produit une bière au nom de la "mascotte" du département, le sanglier géant Woinic.
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| L'ami Woinic, plus grand sanglier du monde, immanquable sur son trône à l'aire des Ardennes sur l'A34 |
La Brasserie de Sedan
Longue histoire que celle de la brasserie Docquin ! Ouverte en 1706 rue du Temple à Sedan, elle ne cessera de gagner en production au fil des décennies, mais la première guerre mondiale marquera un coup d'arrêt total de la production - le matériel ayant été pillé par les allemands - et dans les années 1920, l'entreprise ferma ses portes et se lança dans l'aventure de la Grande Brasserie Ardennaise (GBA). Il faudra attendre 2007 pour voir à nouveau une bière estampillée de la ville de Sedan, avec la Princesse, et l'année 2011 marqua la réinvestiture des locaux historiques de la brasserie Docquin.
Vous le voyez, si vous voulez une bière, les Ardennes vous offrent le choix ! Mais, même si cela est in-con-ce-va-ble :), si vous n'aimez pas la bière, pourquoi ne pas goûter au cidre des Ardennes ?
Du cidre, siouplait !
La moutarde est à Dijon, ce que la pomme et le cidre* sont aux Ardennes ! Et oui, on y cultive la pomme depuis toujours, et l'on y élabore du cidre qui au XXe siècle, alimentait les marchés de province et de Paris. En effet, dans les années 1920, l'on comptait pas moins de 130 000 arbres répartis en trois zones géographiques dans le département : le Porcien, Tourteron et Rumigny, et le cidre était la deuxième boisson la plus consommée par les ardennais. Malheureusement, la guerre vint à nouveau semer le trouble dans les cultures, détruisant un nombre très important de vergers, et la boisson ne cessa de reculer dans les consommations.
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| RCA Mag n°82 |
Mais aujourd'hui, grâce à d'irréductibles producteurs de pomme qui ont eu l'idée de génie de replanter des pommiers de variétés anciennes à l'emplacement qui fit leur renommée dans le tourteronnais, la production de cidre ardennais est relancée. Nous sommes aujourd'hui, septembre 2012, en plein dans la première période de récolte qui en compte trois, s'étalant ainsi de septembre jusqu'en novembre : les pommes douces, les pommes amères, et les pommes acidulées. Les trois types de pommes interviennent dans la fabrication du cidre, les pommes douces apportant le sucre nécessaire à la transformation du jus en alcool, les pomme amères donnant du corps à la boisson, et les pommes acidulées apportant fraîcheur et protection contre les maladies. Les pommes sont ramassées à la main, et offriront un cidre au printemps prochain. Elles participent également à la fabrication de jus de pomme, d'eau de vie et de vinaigre.
Les Ardennes ont donc, elles aussi, leurs boissons à bulles ! Si vous souhaitez vous procurer ces produits, rendez-vous directement en boutique, ou sur internet, les coordonnées sont disponibles en bas de cette page !
Yauque Nem ! (Fantastique, n'est-ce pas ?)
*L'abus d'alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération.
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