Préfecture et hôtel du département des Ardennes |
Au commencement était le Palais des Tournelles...
Établi au XIVe siècle contre les remparts nord en bordure de la Meuse, l'hôtel des Tournelles était la résidence macérienne des comtes de Rethel. Il tirait son nom de la grosse tour et de la tourelle qui le défendaient côté fleuve. L'hôtel fut restauré en 1409, puis remanié entre 1566 et 1570 par Louis de Gonzague. En 1583, le roi Henri III y logea. Un siècle plus tard, en 1697, le palais est en majeur partie détruit par un incendie. Une partie du bâtiment sera reconstruite en 1732.
L'idée d'en faire les locaux de l'École Royale du Génie émerge en 1748, dans le cadre d'une volonté de modernisation de la place forte de Mézières. Pour cela, il faut entièrement repenser la configuration des lieux, appelés la corne du Faubourg Saint-Pierre, qui deviennent la couronne de Charlemagne, en comblant notamment un bras de la Meuse. Ce qui fût l'hôtel du gouverneur, au centre sur la photo ci-dessus, se transforme en école dès 1753. Cette dernière devient royale en 1777, et des travaux de construction et de modernisation sont alors lancés, entre 1780 et 1789, permettant la sortie de terre des bâtiments tels que nous les connaissons aujourd'hui.
L'École Royale du Génie
Fondée en 1753, l'école forme des ingénieurs célèbres : Lazare Carnot, Borda ou Rouget de l'Isle. Gaspard Monge, célèbre fondateur de l'École Polytechnique, y enseigna parmi d'autres. On lui doit notamment le cadran solaire monumental de la façade. Les élèves ont même la visite de La Fayette en octobre 1791. L'École est supprimée en 1794, considérée comme un vestige de l'Ancien Régime.
Comment s'organisaient les études ?
Le recrutement se faisait sur concours, réservé à la noblesse dans un premier temps, comprenant des épreuves de mathématiques. Une vingtaine d'élèves décrochaient le sésame. Les études se déroulaient sur deux années, la première étant réservée à la théorie, sanctionnées en fin de cycle par un concours. Cours de mathématiques, d'hydrauliques, de dessin au lavis des systèmes de fortification de Vauban occupaient la première année. Pour la pratique, les élèves réalisaient les exercices de l'école de siège, des exercices de levé des bâtiments de la ville, un levé détaillé d'une place forte.
Au terme de ces deux années, les élèves servent au sein du corps royal de l'artillerie au rang de lieutenant.
Dans les années 1760, le recrutement se démocratise et passe à une centaine d'élèves, entraînant la modification de l'organisation des études : moins de travaux en extérieur, plus de temps en salle. Des cours de physique font aussi leur entrée. Mais en 1776, le recrutement est à nouveau restreint, et les effectifs baissent fortement. Le concours est supprimé en 1787, et l'école déménage à Metz en 1794. Plus tard, elle fusionnera avec "l'École d'artillerie de Châlons", et devient "l'École d'application de l'artillerie et du génie", la principale école d'application de la toute nouvelle "École polytechnique".
À la création des départements, le conseil général des Ardennes s'installe en 1790 dans une aile des bâtiments, et en 1800, c'est au tour de la préfecture. C'est toujours le cas aujourd'hui.
Les deux pavillons d'angle et la grille ont été édifiés en 1863 |